Tremblement de terre sur Exeter !!

Publié le 16 juillet 2012 à 11h15 :

Devant une assistance stupéfaite, Lee Sharpe a révélé l'identité de l'investisseur évoqué lors de l'annonce de la signature du tout jeune Matt Lecointe. Au cours d'une cérémonie en grandes pompes au Saint-James Park, qui n'était pas sans rappeler de sombres heures de l'histoire du club, l'ancien feu follet mancunien s'est délecté à introduire cette "connaissance", la plus grande légende du football anglais encore en activité, l'inusable David Beckham, qui a en outre signé, à 37 ans, un contrat de 2 ans avec les résidents du Saint-James Park, et accepté de baisser son salaire de 80%. Un véritable séïsme pour le petit club du Devon dont les supporters ne cachent pas un certain scepticisme.

La scène avait sans doute pour certains supporters un goût amer de déjà-vu. Il y a quasiment dix ans jour pour jour de cela, le pseudo-magicien Uri Geller, qui avait repris quelques jours plus tôt les Grecians en tant que co-président, présentait dans ce même Saint-James Park celui qui devait être le sauveur du club, la plus grande star mondiale de l'époque, le roi de la pop Mickael Jackson. Au cours d'un céritable cirque médiatique, le "King of pop", était arrivé en Rolls Royce décapotable sur la pelouse du stade, arranguant chacun à prendre son voisin par la main et lui dire combien il l'aime (!). Le résultat, chaque exonien s'en rappelle : une rétrogradation du club en conférence national à la fin de la saison qui dura 5 ans, et la disparition pure et simple du mécène et du messie.

C'est donc peu de dire que l'annonce de l'arrivée en tant qu'actionnaire-joueur (!) d'une icône, sinon la plus grande icône du football anglais, un homme qui semble avoir tout réussi au cours de sa vie, une "star" au sens le plus complet du terme, et surtout un homme qui semble ne plus rien avoir à prouver à qui que ce soit sur le plan professionnel, peut laisser certains supporters à la mémoire longue circonspects. D'autant plus lorsque l'on sait que le bonhomme quitte le soleil et les paillettes (qui faut-il le préciser lui séyaient à ravir) de Los Angeles pour la province du Devon, tout en acceptant de toucher un salaire qui, s'il reste - et de loin - le plus haut salaire du club, représentera moins de 10% de ce qu'il touchait dans son club précédent. Difficile à croire de la part d'un joueur qui semble toujours avoir suivi la voie royale tracée par les liasses de billets...

Beckham : "Une dette morale"

Et c'est pourtant bel et bien lui qui il semblerait, va désormais investir de l'argent dans un club avec lequel il ne semble avoir aucun lien. Pas sûr que l'idée plaise à Madame, qui devrait rester du côté de L.A., mais la question est ailleurs, et la réponse a de quoi surprendre : "Il y a bien longtemps de cela, cet homme (Lee Sharpe, ndlr) était l'étoile montante du football anglais, quand je n'étais moi-même qu'un gamin de 15 ans qui rêvait de fouler la pelouse d'Old Trafford. J'étais un grand fan de son jeu, et je dois bien dire que j'étais même allé à quelques réunions de son fan club (rires des deux hommes). Il était une légende à mes yeux, et un jour, il est venu vers moi, alors que rien ne l'y obligeait, et m'a donné quelques conseils, puis il m'a aidé à m'entraîner, et ses conseils ont éclairé d'innombrables moments de ma carrière. Lorsque j'ai su qu'il revenait dans le monde du football, j'ai décidé de faire mon possible pour lui venir en aide à mon tour, ce que je m'étais promis à son départ de Manchester United (fin 1996, au moment de l'éclosion du futur "Spice Boy", ndlr)". Le légendaire tireur de coups francs anglais souhaiterait donc "(s)'acquitter d'une dette morale" envers celui qui "(lui) a permis en partie de réaliser la carrière qu('il a) faite".

Il semble en tout cas certain que le "Becks" ne revient pas au pays pour couler une retraite dorée compte tenu des sacrifices auxquels il a consenti, ni pour la publicité, dont bénéficiera davantage en revanche la petite ville du Devon (120000 habitants). D'aucuns lui soupçonnait un certain mal du pays depuis quelques temps, et la prise de responsabilité de "son ami" peut avoir été l'occasion de rentrer au pays sous couvert d'un dernier "challenge" : aider un ami dans l'entreprise de faire remonter le club en Npower League One. Dans un premier temps? "Si vous espérez m'entendre dire que mon objectif sera de jouer la Ligue des Champions avec Exeter, j'ai bien peur d'être trop vieux pour cela quand l'occasion se présentera (rires). Mais il ne me semble pas fou d'imaginer que ce club puisse être promu en Championship dans les 5 ans à venir. Personnellement, j'injecte dès ce jour 1500000€ dans le capital du club, qui serviront à assainir les finances du club, ainsi qu'à payer mon transfert et mes émoluments pour l'année à venir. Il serait possible naturellement d'injecter davantage dès maintenant, mais nous tenons à ce que le club s'appuie avant tout sur la formation, tout en offrant aux jeunes du centre de formation l'occasion de progresser auprès de joueurs d'expérience."

Le club a déclaré disposer de 625000€ de budget restant pour finir son mercato, après les arrivées de Lecointe, Shaw (en prêt, avec une option d'achat de 500000), et donc, de Monsieur David Beckham. Gageons que ce cocktail de jeunes pousses et de vieux briscards permettent aux Grecians de rejoindre l'antichambre de l'élite sous peu, selon le voeu du "Spice Boy".